L’exposition « Nature morte » de Pauline Monnet, plasticienne et vidéaste, nous transporte dans un univers où les vestiges de notre ère industrielle deviennent matière artistique. Réalisées à partir de chambres à air récupérées dans des garages, les installations monochromes noires explorent les multiples nuances du deuil, évoquant les ravages du temps et l’exploitation des énergies fossiles, en particulier du pétrole. Ces œuvres incarnent une poétique du déclin, où chaque pièce semble murmurer l’écho d’une époque marquée par la destruction et l’obsolescence.

Les compositions, telles que Les Lys de Callas, les arômes et les lianes tissées, évoquent un sentiment poignant de désolation et de « Solastalgie » : ce mal du pays pour un environnement perdu ou en transformation irréversible (terme créer par le philosophe Glenn Albrecht). Dans ce paysage sombre, des objets du passé tels que des porcelaines délicates et des marbres immaculés viennent contraster avec la noirceur des matériaux, soulignant la fragile beauté d’un monde en voie de disparition.

« Nature morte » se déploie comme un tableau vivant de la destruction environnementale, du dérèglement climatique et de la pollution généralisée, mais dans ce chaos émerge une étrange et troublante beauté. Les fleurs hirsutes, éparpillées dans cette mosaïque de matières récupérées, semblent défier la dévastation, offrant un contraste saisissant et une lueur d’espoir, comme une page blanche où toute rédemption reste possible.

Pauline Monnet nous invite à contempler un composte pétrolifère de l’Anthropocène, où la transformation des matériaux rejetés devient une métaphore de la résilience et de la renaissance. À travers ses installations, elle questionne notre rapport au temps, à la nature et à la matière, nous confrontant à la beauté troublante de notre héritage industriel tout en ouvrant la voie à une réflexion sur la possibilité d’une réconciliation avec notre environnement.

« Nature morte » est une immersion sensorielle et émotive, un voyage dans un monde où le noir de la chambre à air recyclée ne symbolise pas seulement la fin, mais aussi la promesse d’un renouveau, une réinvention nécessaire face à l’épuisement des ressources et à la fragilité de notre planète.

Film d’exposition ci dessous / Réalisation, images, montage Pauline Monnet